Le vieillard


J’arriverai plus vain, devant l’hiver,
Ainsi, plus vieux, m’arrimerai-je au rêve,
Pour rimer quelque incursion brève
Aux géantes cimes des cieux !

Cacochyme, on me verra toujours sourire aux nuages,
Plaint par ces fous que l’azur atterre,
Et qui ne savent ni l’équinoxe, ni même, au milieu de la nuit,
Ouïr des nixes presque vraies.

Pauvres compagnons de malchance,
Je nous vois, recréant à l’hospice
Le monde vain de quand nous étions jeunes ;
Et perpétrer comme un virus
La messe détestable
Dont mes quatre-vingts ans ne voudraient qu’être sauf !

Moi, je m’échapperai, pour des imaginaires,
Et tel qu’un enfant torve - eux qu’on a dit si purs -
Dans l’azur noir et bleu dont luit la part des songes,
Lorgnant le démon dans la sœur, sous la cornette étrange,
Sous la bure tendue et tournant la courbe, la courbe d’une hanche,
Je reverrai mes amours entières…

Puis j’atteindrai, vieux nubile, aux turgescences monstres,
Fruits des premiers émois dont toute chair est faite,
Sous l’œil éteint de mes promises mortes,
Mes fantômes aimés
Par l’axe de nos sexes.

Et l’on s’étonnera que la loque sourie :
« Si c’est triste, arrivé loin, d’être aussi vide ! »



Cependant, hors de tout, je me récite Ovide 




Ecrit par Salus
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