La musique d'Erich Zann

Quel grincement jaillit des gorges de la nuit?
Un violon enragé aux mélopées macabres
Tandis qu’une ombre fuit sous la lune cinabre:
C’est l’heure avant minuit le long des murs transis,

Frénétique, le vent mugit tel un typhon,
Des lézards enflammés infestent l’horizon,
Quelques ricanements effrayent les arbres mauves,
Du lointain s’amplifie le hurlement d’un fauve,

Puis c’est un grondement de tambours infernaux,
De stridents sifflements s’engouffrent dans les caves,
Un chuintement visqueux roule des caniveaux,
Des spectres haletants se traînent le teint hâve,

De lourdes ténèbres étouffent les étoiles,
Quelle horrible vision s’annonce sous leur voile!
Mais l’archet tonitrue et torture les cordes,
Cherche-t-il à défier la diabolique horde?

Un vieillard apeuré aux cheveux en démence
Ainsi s’exténuait sur son alto en transe
Alors qu’un ciel hanté de monstrueuses formes
Semble se fracasser dans un chaos difforme,

D’ atroces figures grimaçantes de haine
Se jettent gémissant au fond des noirs abîmes
Et là-bas dans l’azur, une lueur s’anime,
L’aurore ouvre les yeux sur la paisible plaine,

A nouveau Eric Zann aura sauvé le monde
De ces forces du mal aux vibrations immondes,
Alors tout harassé, il s’endort si tranquille,
Dans sa chambre feutrée au milieu d’un asile.


A H.P.Lovecraft, Un maître...

Ecrit par Banniange
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