Le ballet magique.

Le vieux chaman avait raison.

Les soirs de pleine lune,
les loups-garous sortaient.
Les sorcières s’envolaient
sur leur balai magique.
Les corbeaux entamaient
leur ballet acrobatique.
Et moi je m’essayais
au piano mécanique.
Et j’adorais la nage synchronisée
et le monde aquatique.

C’était l’âge où tout semblait possible.
C’était au temps perdu d’autrefois.
Toutes les avenues d’alors
permettaient aux espoirs d’après guerre
de prendre forme.
Aux rêves de grandeurs et de gloire
de s’envoler vers des cieux meilleurs.
Aux idylles sulfureuses
de prendre vie.
Aux attentes interminables
et pourtant si palpitantes.

Une lettre à l’écriture calligraphiée.
En lettres de sang séché sur un papyrus
Manuscrit presque millénaire
écrit en langue inconnue.
Sa lecture phonétique suffit
à créer le sortilège
sans comprendre
ce que l’on prononce tout haut.

C’est un vulgaire bout de bâton
aux fibres ligneuses.
Faites d’essence ténébreuse,
elles pendent à son extrémité plantaire.
Son manchon est fabriqué
dans le cuivre extrait
des anciennes mines du roi Salomon.
Servant d’office
de vulgaire balai à plancher noueux,
il compte parmi les objets
ayant l’une des plus grandes dangerosités
qui existent sur terre.
Certains pourraient dire qu’il est magnifique.
Mais moi je dirais qu’il possède
des qualités éclectiques.
Comme son propriétaire actuel.
Mais en fait il est magique,
pour ne pas dire terrifiant.

Tous les anciens propriétaires
de cet objet malicieux
sont toutes et tous décédés
dans d’atroces souffrances.
Comme si une malédiction
était attachée
à son aura d’objet terrifiant.

Pourtant il était bien inscrit clairement
en toutes lettres noires
sur papier blanc
qu’il fallait le conserver attaché
avec les chaînes antiques antillaises
à l’intérieur du coffre à balai
et ne jamais le sortir
un soir de pleine lune.

Le vieux chaman
regardait la lune de feux.
Le ballet magique commença
sur l’horizon rempli des scènes d’horreur.
Les vieilles sorcières édentées
s’éclataient d’un plaisir sans nom.
Le ballet magique était commencé.




Ecrit par Raynald
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