Au fond de la sombre forêt

Au pied des montagnes de l'Oural,
Au plus profond d'une sombre forêt si touffue
Que la pénombre y règne tout le jour,
Se trouve une petite isba branlante,
Aux planches disjointes et grisées par le temps.

C'est là que vis Baba Yaga,
Une effrayante sorcière hors d'âge,
Visage craquelé et cheveux hirsutes,
Bouche édentée et regard halluciné,
Une grosse verrue poilue sur son long nez crochu,
Aussi maigre qu'un squelette,
Les doigts comme des griffes acérées,
Vêtue de haillons loqueteux
Et crasseuse à effrayer un sanglier.

Des babouchki* du village proche,
Qui étaient allées un jour à l'orée du bois
Ramasser des champignons et cueillir des baies,
Certifient avoir entendu son rire grinçant,
A vous donner la chair de poule, à vous glacer le sang.

Des moujiki* pris de vodka,
Errant, ivres, par une nuit de pleine lune,
Affirment l'avoir vue passer dans le ciel,
Assise dans son mortier, son pilon pour gouvernail,**
Stupéfiante apparition qui aussitôt les dégrisa.

Baba Yaga!
La légendaire sorcière des contes populaires***
Qui a effrayé des générations d'enfants russes.




* La lette finale "i" est la marque du pluriel en russe. Ainsi, le pluriel de "babouchka" (grand-mère) est "babouchki" et celui de "moujik" (paysan) est "moujiki".

** Dans l'imaginaire russe, les sorcières ont aussi un balai, mais elles se déplacent dans un mortier, utilisant le pilon comme gouvernail et le balai pour effacer les traces de leur passage.

*** La sorcière est un personnage très présent dans les contes de la tradition russe, et elle s'appelle toujours Baba Yaga. En russe, le terme générique pour "sorcière" se dit "koldounia" (transcription en alphabet latin).


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Ecrit par Matriochka
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