L'ombre du soir ...



Il était une fois sur le seuil d’un jardin
L’ombre du soir assise, inachevée, pensive :
Elle attendait l’automne, et sa hâte était vive
De le voir s’avancer et l’embrasser enfin.

D’une feuille froissée, d’un pétale fané,
Elle avait adorné sa longue silhouette.
Le vieil or des lointains flamboyait sur sa tête
Où déclinait, serein, le soleil couronné.

C’est après plusieurs nuits d’un ciel limpide et nu
Qu’un beau matin, la brume envoûta la fontaine
Et, déposant un voile au galbe de la plaine,
Y laissa le frisson d’un silence inconnu.

Il fit plus frais, soudain : la brise du vallon
Frôla de ses doigts fins la rivière naissante,
Et la voûte des bois, profonde et caressante,
Devint comptine et rêve au sentier vagabond.

La mousse aux pas feutrés, les champignons cherchés,
Les noisettes cachées, les châtaignes tombées
Les flaques de temps clair et les pluies fredonnées
S’habillèrent de vent et de jours en-allés.

L’ombre du soir, alors, reçut en grand secret
L’automne son amant qu’elle croyait volage
Mais qui, genou en terre à ses pieds, noble et sage,
Lui offrait les trésors serrés en son coffret.








Ecrit par Ombrefeuille
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net