Alzheimer

C'est insidieusement qu'en moi elle resquille
-Je ne sais pas très bien comment elle est venue-
Peut-être comme un fil dans le chas de l'aiguille
Perdue dans l'écheveau de ma vie décousue.

Je me suis regardée dans le miroir antique
Mais n'ai pas reconnu, ni la fleur, ni le fruit
Qui décoraient, jadis, mon jardin exotique,
Ni les poussières qui m'ont fait ce que je suis.

Un jour, j'ai égaré ma clé sur une table
Puis, j'ai fermé la porte au nez de mon dépit ;
On m'a trouvée errante aux yeux indéchiffrables
Accoudée au ponton absurde de l'oubli.

Je boirai jusqu'au fond le poison de l'absence
Et mes amis peinés n'y pourront rien changer,
Puis, je m'enfoncerai dans le gris du silence
En serrant dans mes mains ce poème froissé...

C'est insidieusement qu'en moi elle resquille
-Je ne sais pas très bien comment elle est venue-
Peut-être comme un fil dans le chas de l'aiguille
Perdue dans l'écheveau de ma vie décousue.


J'ai imaginé ce que pourrait écrire un malade s'il en avait la capacité....

Ecrit par Antigone
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