Sonnet pour la molaire



Je disais « A jamais, je t’aimais » à ma dent
Tandis qu’un masque hostile arrachait, vil, ma chaille,
Je fixais ce totem, attendais qu’un mage aille
Apaiser ma douleur et briser l’air badant,

Niais, lâche et soumis aux fers d’une tenaille
Que pinçaient des yeux bleus, -ravis, c’était patent-
« Cool, vous n’aurez plus mal, verrez, c’est épatant,
Restez calme » mentait la dentiste, canaille !

Un sccrotcch à la racine et même pas le temps
De nous remémorer –Molaire, Amie ! Attends ! –
Les tonnes de poulets, les canards et les cailles

Les tonneaux de jajas, les goujons, les flétans,
Les mots collets montés, les humeurs de racailles
Que nous croquâmes, Sœur, en grinçant, tous ces ans.




Ecrit par Lau
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