Mémoire de l’île

La chaleur de la baie où la palme dansait
se dissout doucement dans la rêverie lasse.
La mer où les requins et les tortues paissaient,
quand le bateau filait au travers de la passe,
berce encore sa houle au fond de ma mémoire.
Cette fille aux yeux verts qui était ma compagne
s’est endormie là-bas au lit de notre histoire
comme est morte la source au fond de la campagne.
Nos corps ne nagent plus sous la vague et sa moire.
Goûterai-je jamais les litchis et les mangues
que nous cueillions ensemble aux arbres des collines ?
Le temps morne a fermé ma jeunesse en sa gangue ;
tu n’es qu’un souvenir défunt que l’on devine.

Quand le froid de novembre ulule sur les toits
je laisse ma mémoire errer parmi les flammes.
Je confonds le tropique avec mon feu de bois
et le chant de la pluie est un rire de femme.





Ecrit par Libeyre
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