Le beau pays


Le beau pays de ma petite enfance
S’étend au flanc jade des Pyrénées,
Il fut mon berceau et ma grande chance,
Façonnant mon cœur de fils d’étranger.

Il a pour ami changeant l’océan
Avec l’Adour pour naturels confins,
Frangé de falaises aux galets blancs,
De criques, de plages au sable fin.

Lorsque, aux heures âpres de l’hiver,
Mugissent rageux ses vents outranciers
Les macareux moines de haute mer
Briguent aux sternes l’abri des rochers.

L’été, séchant ses pieds de marnes bleues,
Il s’en va, sifflant son refrain disert
Aux sommets coiffés de versants herbeux,
Où les moutons tachent de blanc le vert.

Un art de vivre hante les villages
Où sèche parfois le piment sur rail,
Brillant au soleil sur les colombages,
Drapant les murs blancs de rouges chandails.

C’est un territoire aux racines saines,
Fier s’il en est de son identité,
D’une langue à la mystérieuse haleine,
En d’autres temps, que la France brimait.

J’en appris de tout petits rudiments
Tandis que frappant la balle à main nue
Au vieux fronton, parmi les hurlements,
Torta* !Koño* ! épiçaient mon vécu.

A l’église cet Euskara* résonne,
Aux déjeuners il est aussi de charme
Lorsque les convives ensemble l’entonnent,
Il sait d’un frisson arracher des larmes.

A demi basque sans y être né,
Voilà pourquoi de lui je me sens proche,
Quand, vêtu de rouge et blanc en juillet,
Pourquoi est de l’or au fond de ma poche.


* Torta = coup ou passe maladroite
* Koño = mince, zut
* Euskara = langue basque

https://youtu.be/HvJxSnYWdp0




Ecrit par Fregat
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