Joie et pennes



Plume si noire et soyeuse,
Rémige bleu mitigé,
D’origine sinueuse,
Quand as-tu ton vol figé ?

Tombas-tu, dans la lumière,
D’un dos chue (un ange âgé ?),
Ou de la nuit nourricière,
Es-tu née aux affreux nids ?

A-t-on jeté quelque pierre
Sur des démons (c’est admis),

Qui, touchant sa cible ailée,
Fit fuser de l’oiseau faux,
Kératine au sang mêlée,
Quatre duvets doux et chauds 

De funestes créatures,
Semblant frères des gerfauts !
(Ils ont d’étranges natures,
Ces rejetons des damnés

Qui sucent les âmes pures
Et les yeux des nouveau-nés !)

Ou, plume, est-ce d’une pie,
Qui décrocha de son bec
Sur son frac la tique impie,
Que tu sortis - aussi sec !

De ton fourreau de chair lisse,
Tandis que, de son rebec,
Elle jacassait la laisse
D’un poème interrompu ?…

… Rien n’a l’air, qu’un objet blesse,
Dans ce trophée - on l’a pu

Perdre comme un cheveu tombe,
Ou lâcher, tel un soupir.
Il n’est pas d’une hécatombe,
D’une défaite ou d’un fuir ;

C’est l’objet, tout en finesse,
Plus précieux qu’un beau saphir,
De mes rêves de jeunesse :
- La promesse de voler !

Mais de quel animal est-ce,
Et faut-il se désoler ?

Si soyeuses plumes noires,
Pennages mitigés, bleus,
L’origine de vos moires
C’est l’oiselle, et ses douze œufs !




Ecrit par Salus
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