Je suis le chant...

Je suis le chant silencieux
Je parle du jour
Pris dans les branches du temps
Je parle de la lune brisée
De ses empreintes saoules
Dans les flaques d’eau
De ses battements qui me suivent
Je parle des écluses du vent
Ouvertes sur le fracas du monde
Et qui chante à la division des feuilles

J’étais molécules éparses
Je naviguais dans le battant des arbres
Ouvert sur les chemins de printemps
J’étais miettes de passants
Infime fulgurance
Dans la pierre des infinis
La pierre brillait
Comme elle brille encore
Dans les yeux qui savent
A deux doigts de revivre

J’étais semonce de l’eau
Jeté sur la plage vierge
J’étais deux ou trois poignées de pluie
Jetées sur le ventre de la terre
Ou dans les chevelures dépeignées
Ou dans les membres des arcs-en-ciel
Ou dans les tiges des orchidées
Ou dans la sueur de l’amour
Ou dans l’écume blanche et dure
De la broderie des matins

J’étais insignifiance
Et indispensable pourtant
Ma destinée parsemée
Dans les chemins ramifiés
Dissémination de matière
Matière folle de matière
Ascendance dans le souffle
Lumière fauve du soleil
Quelque-part perdu
Dans le grand balancement de l’univers
Dans les gorges des saisons
Pour un ultime cri de la terre

Et un jour je fus
L’arbre m’a perdu
L’eau ma perdu
La pierre m’a perdu
Le soleil m’a perdu
Dans les doigts fins de la vie
Funambule
Sur le fil tranchant ‘d’être’
Je fus
Vase émietté et recollé
Emietté et recollé
Somme d’heurts élémentaires
Enraciné dans des espaces nocturnes
Envols inversés
Eventails de cœurs
Tintements d’espaces contradictoires
Je fus
Milles morceaux de vie
Mille morceaux de mort
Petits néons de sang clignotant
Dans les bras, les mains, la tête
Berger d’un troupeau invisible
Gerbe de sens
Gerbier d’étoiles
D’un univers oublié


poème de ma jeunesse

Ecrit par Hurlevent
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