Le bougnoule et la putain



Timides, fiers, sans un papier,
C’était l’hier de nous les nègres
Nous migrions de pays aigres
Où l’oiseau ne peut pépier.

(On nous expliquera bien vite
Qu’on aurait dû rester chez nous
Quitte à marcher sur les genoux
Qu’ici la joie est interdite.)

Elle avait l’œil doux l’ongle vert
Dans l’ombre sale elle était seule
A n’être pas pour nous bégueule
Son cul battait à cœur ouvert !

Notre pauvre plaisir pris d’elle
Transcendait le rut et des rois
Sortaient entiers de ses détroits
Vrais d’un bonheur d’ange infidèle.

Ses cheveux blonds passant le soir
Faisaient sortir les gars des bouges
Dans ces quartiers d’ouvriers rouges
Réunis par un destin noir.

Elle avait fui sa maquerelle
Et pour la protéger des gens
Deux chiens tout autre qu’indigents
Eloignaient l’ire et la querelle.

Cette fille est morte à crédit
Je lui dois d’en être encore ivre
Je l’aimais comme on ouvre un livre
Je voulais que ce soit le dit !




Ecrit par Salus
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