Les descriptions expérimentales





1

Le jardin des simples


La fragrance et l'effluve, au jardin des simples,
Olympes olfactives,
Des fleurs où l'essaim pleut
Zonzonnent en dansant mille elfes actifs.

Laqué par la lumière
Le lézard du gros mur au soleil s’éveille
Et gobe
libellule encore mue hier
Par le vent, l'être vieil

Et ses ailes de fée avec un sourire
Large, une gorge bleue
- Bel endroit pour mourir -
Puis pffuit ! s'enfuit le saurien terrible ; le

Lieu, calme, est clos de pierres,
Abrupt et cru, tendre et secret petit monde,
Dans l'altérité dont chaque être est un tiers :
Plantes, petits démons

D'insectes grimés, l'air plein d'oiseaux voraces ;
Le Diable, une vipère,
Terrorise les rats,
Sinuant une courbe, un galbe hors pair.

Tout baigné d'aromates
Elu par le mainate et l'art du poète
Teinté de Véronèse et d'auburn plus mat
Un parc en tout point net.


2
Enfance


La terreur due au dard du monde
Et des "miaouques" sur les chaussettes

Défaites
Et honte

Puis les mûres aux bords des champs
Et déjà l'art d'être heureux seul

Linceul
Des chants

Le bruit froid d'un clou dans le rêve
Ravivé par l'espoir futile

Quelque île
D'autre Eve

Merveilleuse insincérité
Gabegique imagination

Fiction
...Beauté ?


3
Nature


Quelle aile louvoie à travers les arbres ?
Oui ! Buse, tu sabres
En plein vol ta proie !

Sous l'ombre, à couvert, le drame est commun ;
Rouge sang comme un
Fard, dans tout ce vert...

Au sol, l'herbe est drue, et la terre grasse,
L'insecte à sa trace ;
Là, pousse la rue ;

Tout semble, au grand jour, un simple tableau ;
Mais au fil de l'eau
- Les nuits sont là pour -

Le meurtre se trame, et l'amour se noue...
La biche se joue
Des chansons du brame.

Parfois quand il pleut, bonne odeur du sol,
Chante, mi, fa, sol,
Le ciel comme il peut !

Avant la montagne, un nuage niche ;
Et l'hiver est chiche
Quand le soleil gagne.

Mais sur le piémont c'est un froid ombreux
L'habitat des freux
Qui volent en rond.

Le soleil remonte et la lune hésite
Sur l'immense site
Qu'était notre monde.


4
L'élan


Sur le chemin du val d'Orphée,
Dont la lyre est spectaculaire,
Vernaculaire langue, or fée,
Dans tes dérives, où l'on erre,

Le pentacle oculaire écrit
De lui-même un infini feu
Et l'aède surenchérit
- Tout artiste en a fait son vœu -

Sur l'incendie inextinguible
Que, Phaéton, le Mot propage,
Par sa traîne ignée et sensible,
A travers les cris de la page.

Le musicien, prêtre du son,
Et le peintre, être de couleur,
L'auteur, l'acteur au diapason,
Le rhapsode, au succès sans heur,

Le sculpteur et le chorégraphe,
Tous, qui sont, tout aussi bien, toutes,
Belle cohorte bise et grave,
Doivent ouvrir de neuves routes !

De la gradine et du couteau,
Avec le geste, avec la voix,
Fluide et souple comme de l'eau,
L'élan vrai nous souffle ses choix :

"Sur le chemin du val d'Orphée
De lui-même un infini feu
Par sa traîne ignée et sensible
Fond le sable en clignant des cils..."


5
Promenade


Dans ces sous-bois où qui lit passe
La lumière est fort diffractée
La nuit là point de voie lactée
La clarté toute s'en efface

La ronce y croît qui se disperse
Sous de maigres chênes ombreux
Des ajoncs y dressent leur herse
Les bêtes nichent dans les creux

Le passage à peine un sentier
Se devine un peu sous l'humus
Escalade un vieux tumulus
Et finit perdu tout entier

Le long de champs jamais fauchés
Où le buisson déjà se trouve
Emmêlé de lys accrochés
Qu'une baie encore recouvre

La forêt, là-bas, recommence,
Sans heurter, comme une rengaine ;
Allons, le long de la romance,
Cette aventure bohémienne...




Ecrit par Salus
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