Distances à Méandre

Un jour, je bondirai, bien plus vif que jamais,
Alors que j'avançais dans cette chanson molle
Des souvenirs défunts, à toi que tant j'aimais,
Je pourrai dire enfin que la farce fût drôle ;

Et au ciel je crierai : « tu ne me manques plus ! »
Je dormirai en paix, sans besoin de verveine,
Sans songer à l'avis de qui n'est qu'un surplus,
En ayant retrouvé l'inconstance sereine.

Finis la crainte des tourments de la mémoire,
De ses regrets, de ses remords, de ces débris
Vifs, qui gisent cachés dans ses replis, déboires
Toujours prêts à surgir, d'un dérisoire abri,

Ainsi de petits scouts stupides, de castors
Tout petits, fort vaillants, qui de leurs queues font rire
L'étang, les rides d'eau du temps, son ris retors ;
Le rude dos des ans contre ta loi conspire.

Quel arsenic faudra pour tous les endormir ?
Ce doux poison du rêve absent... Je le confesse !
J'eus l'envie, bien souvent, Méandre d'estourbir
Ce monde chantant faux, qui nous naît puis nous laisse.

Te voici et bien vielle, et bien laide, aujourd'hui...
Ton œil creux se souvient de la douce caresse.
Serait-ce qu'au seul port de dentelles réduit
Soit ton charme ? Rions, fleuretons sans tristesse !




Ecrit par Jim
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