Les Gens de Faërie

Les Gens de Faërie
que nous rêvions vêtus de lierre,
peuplaient les chênes, les jonquilles,
d’ardents buissons, des aubépines.
Elfes des bois sacrés, mutins,
Lutins, lucioles et farandoles,
Belles lurettes, Songe fait d’or,
Myrtilles en liesse sous l’Arbre-fée.
Les demoiselles des lisières
franches pucelles ou bien marraines,
dansaient, chantaient près des rivières.

Les Gens de Faërie
que nous pensions petits, poilus,
hantaient les eaux et les forêts,
les giroflées, les coquelicots,
le nid du geai et les roseaux.
Enfants des brumes accrochées
aux lochs, aux ruisseaux sautilleurs,
ils coassaient avec Rainette
- cachés dans les herbes à rosée -
de choses cocasses, de coccinelles,
de renoncules calembredaines.

Les Gens de Faërie
que nous ne disions jamais voir,
volaient à dos de papillon,
de libellule ou de licorne,
dormaient au cœur des nénuphars.
On les imaginait sauvages,
coiffés de joncs, de fleurs tressés,
de scirpes et de fanes de blé.
Esprits fantasques aux airs espiègles
Génies des sources, satyres à cornes
Lilliputiens hallucinés.

Les Gens de Faërie
que nous contaient bardes et cigales,
sous les cieux rouges des feux du soir,
aimaient le miel d’acacia,
les baies acides, le fruit du frêne,
croquaient des pommes les pépins.
Leurs sacotins remplis de graines,
ils musardaient parmi les champs,
la pipe au bec, la fleur aux dents.
Ils fréquentaient les hippanthropes
et tous les loups sélénologues.

Les Gens de Faërie
que dessinait le pinceau triste
d’un peintre « trop-mantique »,
avaient des fleuves pour cheveux,
de belles mines, des yeux noisette,
des peaux de lait et des rousseurs
coquines au creux du cou.
On les croisait près des marais,
à l’orée pâle des futaies,
au puits d’amour, au lit de mousse,
sous les rameaux enchevêtrés.

Les Gens de Faërie
que nous croyions perdus,
de l’autre côté du temps,
sèment parfois miettes et faines
sur les tortilles des jardins,
au carrefour des chemins.




Ecrit par Charlyre
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