Sextine (bricolage de l'anaphore)


Maîtres, permettez-moi, d’entrer à la chapelle
Où retentit des cieux l’impitoyable glas,
Sous le gland et l’airain de la trop immense aile
Battant l’île isolée, étendue à l’eau belle
De la nue étayée aux épaules d’Atlas,
Le séditieux titan, puni par Zeus, hélas,

Pour avoir déserté le vieux cénacle - hélas !
Cette prison des Dieux, cette inique chapelle.
Frère de Prométhée, aux pages des atlas,
Il transparaît le son lancinant de ton glas,
Grêle ; et portant toujours, lourde, invisible et belle,
La gigantesque charge où croise encore l’aile…

Mes mentors, laissez-moi tenter d’approcher l’aile !
Que ce Graal, pour mon âme en mal d’attente, hélas,
Ne me soit interdit ! la réalité belle
- Ô miracle ! est mon Dieu ; le hasard sa chapelle ;
J’en entends résonner tout les gongs et les glas,
Des polders désolés jusqu’aux plus hauts Atlas !

Sextine au plafond bas, sous les grands pieds d’Atlas,
Ta ruse, à l’infini, qui nous luit, nuit à l’aile !
Le sonnet, sylphe clair, offre à toutes le glas,
Et fait la forme sacrée, ingénue, hélas !
Hors la rare exception, il n’est loi ni chapelle
A la lyre, et la larme, oscillant, perle belle

De la chimère vraie, est l’unique atour, belle
Eau tremblante, accrochée aux cils du vieil atlas,
Sous le dur joug de Zeus, imposant la chapelle
Etroite, où de tous temps, les Dieux enferment l’aile,
L’alme essor condamné, martyr, aux puits - hélas !
Dont l’humide enfer noir ne bruit que d’un vieux glas…

Et ce vain carillon de cloches et de glas
S’évertue à flétrir les charmes de la belle
Par la répétition, la redondance, hélas,
Comme si, reprenant le supplice d’Atlas,
Quelque démiurge impie eût dit d’écraser l’aile,
Sous les obligations d’une morne chapelle !

Mais pour toute chapelle, Art sonnera le glas,
Et son aile éthérée emportera la belle
Vers Atlas, et l’azur, qu’il porte encore…
Hélas !




Ecrit par Salus
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