L'homme au vieux pull marin

Lorsque je n'en puis plus de toutes ces errances,
De ma vie sans couleur,
De mes pas sans cadence,
Je vais me réfugier sur les bords de la Rance,
Oubliant, un moment,
Mon trop-plein de souffrance.


Il attend sur le quai, le sourire à la main,
Si différent des autres,
Dans son vieux pull marin,
Tirant sur sa bouffarde aux volutes d'embrun,
Et le teint basané
Aux sillons bohémiens.


Il m'emmène avec lui, vers l'étang ébloui,
Dans une maison basse,
En pierre de pays,
Fleurant bon l'harmonie, les mots un peu jaunis,
L'algue à la campagne,
Un jardin sous la pluie.


Connaissant mon chagrin, immense désarroi,
Se lisant dans mes yeux,
Jusqu'au bout de mes doigts,
Il millésime, pour moi, un carafon de joie,
L'ultime camélia,
Un petit feu de bois.


Plus tard, quand le grillon cesse son gai refrain,
Nous écoutons Chopin,
Blottis dans les coussins.
A l'image de la nuit, sur l'aile du moulin,
Je pose un rêve bleu
Sur le vieux pull marin.


Mais le vent du destin, à l'orée du silence,
Efface les étoiles
Du lit à baldaquin,
Car si je connais bien l'attrait des bords de Rance,
L'homme au vieux pull marin,
Je l'invente en chemin.


Automnale





Ecrit par Automnale
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