Musiques particulières

Tous les jours, mon voyage vers Paris
Se joue de ses musiques particulières
Sous des notes de blanc, noir, ou gris
Que j'écoute, à chaque son, du RER

Quel plaisant plaisir que la symphonie
Jouée de solistes ne manquant pas d'air
Quelle douce musique qu'une cacophonie
Interprétée des artistes voyageurs, du RER

Celui-ci chante de sa belle voix de ténor
Sa vie si grave à son public au téléphone
En concert gratuit, jusqu'à Gare du Nord
A moins qu'il ne finisse à Nation, aphone

Ces deux échangent de mezzo à soprano
Toutes leurs turpitudes de l'avant-veille
Les autres guettant le prochain panneau
Qui mettra fin à ce triste duo sans pareil

Et voici un malheureux, en voix de basse
Chantant pour un public las, qui l'ignore
Déclinant son texte, tel le temps qui passe
Sa musique nous suivra, toujours et encore

D'autres arrivent dans un orchestre de rires
Sonnant aussi faux que le son de leur voix
De la musique naît le bien, comme le pire
Puisse-ce tous ceux-là vite changer de voie

Et que dire de ce baryton voisin qui discute
Si fort, avec un autre qui n'est que lui-même
Ses notes sonnent à mes oreilles, en uppercut
En mélodie inconnue dont j'ai omis le thème

Où donc est-il le chef d'orchestre sans baguette
Dirigeant ces instruments qui ne sont que vent
Jouez pour moi violon, contrebasse et trompette
Les belles notes de la musique d'une vie d'avant

Sonnerie, voix suave annonçant le train à l'arrêt,
Ou le nom d'une station, deux portes qui coulissent
Sont des musiques, dont finalement je me sens près
Des notes autour desquelles nos tristes vies se tissent

Le concert de mon voyage alors s'achève
J'entends l'air d'une musique volante
Sous des notes naturelles et trop brèves
Du chant d'un oiseau, Jardin des plantes


Quelques notes de musique pour les "RERistes"....

Ecrit par Arnaud
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