Le moustique et la tortue

(Fable)



Une tortue, blindée dans sa carapace,
Surveillait de son œil un moustique en chasse ;
Elle ne craignait guère ce p’tit vautour
Assoiffé de sang qui lui tournait autour.

Alors qu’elle entamait un bon roupillon,
Le maringouin, vite comme un papillon,
Se lança sur la cible et fit sa piqûre,
Méconnaissant l’épaisseur de cette armure.

Piquant ce blindage dur comme un rocher,
Le dard se plia avant d’être arraché ;
Vexé par cet échec et sans l’expliquer,
Il trouva un autre endroit pour la piquer.

Sentant une douleur âpre à la paupière,
Réveillant la mollesse de sa colère,
Le paresseux reptile ouvrit les deux yeux.
« Hé, là ! Qu’on ne s’en prenne pas à mes œufs…

Fuyez ! Moussaillon, avant que je vous mange,
Vous êtes chanceux, j’ai la bonté d’un ange ».
La bestiole satisfaite de son dû
S’éloigna de la tortue et disparut.

Le moustique a une carrure fragile,
Ainsi sa courte vie ne tient qu’à un fil ;
La robuste tortue s’avoue être sage
Et enfin, sa vie atteindra le grand âge.

Qu’on soit costaud ou faible, rusé ou bête ;
Qu’on soit modeste ou qu’on fasse la grosse tête ;
On a tous des qualités et des défauts,
Mais l’important, c’est d’être bien dans sa peau.






Tous droits réservés © Claude Lachapelle / octobre 2020


Ecrit par Claudel
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