L'alouette

Je parle, écris et rêve, et je songe et je pense,
Et de cela ma vie toute se contrefait ;
Le rire et le défi sont l'éternelle danse
Où s’enivre celui qui ne croit plus aux fées.

Je dis des choses vraies qui n'ont jamais été,
Ainsi que de te voir, sous le poids du sommeil,
Envolée au-dessus de l'heure regrettée,
Lors que l'ombre, à mes pieds agrippée, appareille.

Mais le désir violent sait transformer l'absence
En un granit plus dur que le fait certifié.
Dans le réel vécu demeure une carence,
Cette faille où le vivre en nous est confié.

Un grand ciel bleu s'ouvrit aux volets de la chambre ;
De ton corps dans les draps, ton moule demeurait
Comme le soleil d’août dénonce le décembre,
Quand l'évidence tue la peur qui nous leurrait !

Je n'ai jamais rêvé qu'en mon ciel, l'alouette
Chanta des lendemains qui, je sais, ne viendront.
Ta tête était roulée aux flocons de la couette,
Et à ce songe faux, mes frémir se pendront.

Tu m'enjoignais souvent, afin de vivre mieux,
De penser un peu moins, d'avoir front moins fardé ;
Vois combien, maintenant que j'échappe à ces lieux,
La feuille peut trembler sous le vent de l'idée.




Ecrit par Jim
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net