Temps mort

Mort temps de chien
La misère n'a rien à mordre sinon les dents
Bouche de travers et d'égout
Je laisse les larmes s'enfuir dans le caniveau.
Les joues pleurent ce temps d'une sale mort qui ne sert à rien
Sinon souffrir de ne pas mourir avec pas même un ami
Juste un homme qui aurait pu crever ailleurs que sous mes yeux affolés,
Mes cris, ma peur, mes tremblements de feuille
Mêlés au vent qui s'abstient de gémir.
La pluie détournée pisse des larmes singulières,
je pleure au milieu des foules dispersées,
J'arrache le coeur touché de balles perdues et de cause tout aussi perdues
Perdure le désir de liberté bien accroché aux hommes qui
Se meurent et se moirent dans les mares de sang.
L'oubli sèche sur la chaussée.
La rue est dans la rue et l'ennemi aussi, armé jusqu'aux dents prêtes à mordre.
Mort temps à mordre.
Bouche meurtrie d'autant de meurtres permis,
Permanence d'assassinats qui ne veulent dire leurs noms,
Je sais, malheureusement je sais
Le crime ne s'accorde jamais de pause sinon pour mieux tuer encore.
Mort temps du bout des lèvres
Comme le murmure d'un aveu arraché sous la torture.
Mourir n'espère que le temps d'une pause,
Je n'ose dire armistice sous le joug d'autres morts qui
se préméditent et se préparent sous le manteau,
sous le manque d'air du corps qui suffoque de tant de cicatrices.
Et les yeux d'horreurs gravées dans la rétine,
Bouche cousue, gémissements des lèvres gercées,
Une voix à l'extérieur de soi lui dit ''Respire''
Mais les bronches encombrées d'un asthme assassin sifflent sur les nuits d'insomnies
Au jeu de la mort, souffler n'est pas jouer.
Mort temps à mordre la poussière.
Bouche encombrée de mots devenus inutiles.
Avale gorge son acide salive.
Devant le silence de ceux qui parlent pour ne rien dire ou si peu,
Las, s'emmurent les hommes qui n'en peuvent plus
Les révoltes saignent de ces temps qui s'immobilisent.
Temps mort comme la mer.
Armistice me disiez-vous ?




Ecrit par Nojo
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