Les armes tues

Durant quatre ans, gazés, déchirés, enterrés
Vivants, et fusillés pour l'exemple ! Toute une
Génération prête à courir la fortune
Sur la carte d'un trait de l'Histoire est barrée !

Intellos, paysans, ouvriers, vous voilà
Dans la même charpie tous mêlés, tous unis !
Vous avez démontré que l'homme est démuni
Quand l’orgueil des petits sur votre chair s'abat.

Car ils sont tout petits ceux qui se croient des chefs !
Ils ne sont que casseurs, n'ayant aucun génie.
Seulement du carnage, ils savent l'harmonie
Et du chant de la vie, ils ont perdu les clefs.

Quand la chair s'en revient à la glaise, qu'importe
Que de Paris ou de Berlin soit le cadavre !
Combien d'ailes brisées ne connurent de havre,
Et de gueules cassées que la mitraille emporte,

Combien de tous côtés ont été les perdants,
Les seuls, les vrais, bien que les armes aient cessé
De parler ? Dans un train, le vainqueur abaissait
Le vaincu, flagorneur, inconscient, imprudent !

Et les enfants des sacrifiés prendraient leur tour
Vingt ans après... Vingt ans... dans le même wagon
La revanche, par du crime le parangon,
Sera signée. C'est chaque fois même parcours,

Quelles que soient les latitudes, longitudes,
Et quel que soit le siècle, obéir et mourir,
Le gueux ne doit avoir aucun autre désir ;
A lui la boue, et aux statues fière attitude !




Ecrit par Jim
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