Trente-deux ans plus tard

Dans les coursives de mon âme,
La galerie des feues passions,
Il reste de vous une flamme,
De votre pas une allusion.

Au pâle musée des trophées
De mon jeune âge moribond
Ondoient intact le modelé
De vos superbes cheveux blonds,

De cette lèvre au doux contour
Que je goûtai un soir d’été
Dans la tendre langueur d’amour
Qu’offrait la plage désertée.

Votre corps fin d’adolescente
Comme une lame vint s’ouvrir,
Je crus dans sa candeur tranchante
Soudain de plaisir défaillir…

J’avais vingt ans et quelques mois,
Qui pourrait m’en faire le blâme,
Vous en aviez seize je crois,
Mais possédiez tout d’une femme.

Jurées sur nos fronts enfantins,
Nous promîmes de folles choses,
Nous inventant notre destin
Comme seuls les jouvenceaux l’osent.

Allongé sur ce même sable,
Quelques trente-deux après,
Sous un pareil ciel mémorable,
Je revisite ce passé,

Et dans son vitrail ciselé,
En une pointe de tristesse,
Il pense à vous ma bien aimée,
Le vieux serment de ma jeunesse.





Ecrit par Fregat
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