Voilà près de cent ans que nous logeons ensemble

Voilà près de cent ans que nous logeons ensemble
Et que la pluie nous ronge et que la terre tremble
Les vers ont parachevé il y a longtemps
Un repas fait de notre chair et notre sang

Cela vaut mieux je crois que se faire engloutir
Par une passion vaine et d'incertains désirs
Nous sommes mieux ici qu'en cendres dans une urne
Sur une cheminée de vivants taciturnes

Tu n'as d'ailleurs pas complimenté ma demeure
D’aucun loueraient l’habileté du fossoyeur
Et sa prévenance quand du bout de sa pelle
Il arrangea la tombe assez grande et très belle

Il les creuse d’ailleurs souvent assez profondes
Pour qu'un mort jamais ne sente le vent de fronde
Gonfler la sublime voilure de l'envie
De quitter son fidèle conjoint dans la nuit


Et me laisser tout seul à nouveau solitaire?
Moi qui fis tant d'efforts pour te faire venir
Regarde mon squelette! il ressemble à l'enfer
Un poète maudit ne pourrait le décrire

Tu étais de ceux qui aiment tromper les heures
Jouer des tristes airs écrire à la bougie
Assis à ton bureau de bois dans les hauteurs
De la grande maison où tu passas ta vie

Mais voilà, tu oublias nos anciens serments
Ceux que l'on s'était prêtés au côté de l'âtre
Puis tu soignas le jour de mon enterrement
Peut-être en mon honneur bus-tu un verre ou quatre...

...Voilà près de cent ans que nous logeons ensemble
Et cent années durant tu ne dis mot. Il semble,
Qu'il en fut ainsi car je connais ton secret
Dont je garde la trace sur l'os à jamais


Solitude - Partie 3

Ecrit par Nostahrj
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