Aux marches du palais

Au marché ce matin m'en suis allé
Comme tous les jeudis provisionner
A tout instant l'hiver peut survenir
Et là-haut à présent il faut garnir

Sur les étals, les jardiniers, les viandards et les laitiers
Vampirisent les sens de quelques bougres au regard gibier
La froidure d'automne distille un parfum de soleil pâle
Dont les corps emballés reniflent les mordants pétales

Par ces temps masqués seul un stand me sourit
Rayonnant d'incongrus aux humeurs exquises
Adieu choux, chèvre, cochon, mon trouble s'attise
Aux souffles subtils d'un bazar de présages bénis

Des fous, des gueux, des fougueux,
Des mal ou bien léchés,
Des surprises, des plumes, des picorés,
Des affinés, des affamés, des assoiffés,
Des polis, des sons, des polissons,
Des brasiers de glace enivrante
Des salés aux commissures fendues
Des sacrés au cœur tendre

Auprès de ma source m'en suis tout retourné
Ai déployé un havre de braises perlées
Et invité ma bien-aimée à brocanter
Mon bouquet de baisers volés




Ecrit par Tigrou
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