Ciseleurs de montagne

Si quelque voyageur solitaire chemine
Dans les replis lointains de l'ancestrale Chine,
Peut-être pourra-t-il découvrir sous ses yeux,
Du haut d'une éminence, un décor fabuleux :
Sur des reliefs conquis, prenant tous les espaces,
Des talwegs aux sommets, des milliers de terrasses
Cultivées de maïs, de blé, d'arbres fruitiers
Où courent, tortueux, de modestes sentiers !
Le soleil balayant ce fouillis de parcelles
Y compose un tableau tout bigarré d'ocelles,
Une riche palette aux diverses couleurs
Qui jette ça et là des reflets racoleurs.
Combien a-t-il fallu aux auteurs de cette oeuvre
De siècles de labeur, d'anonyme main d'oeuvre
Pour vaincre la montagne et la faire plier
Afin de la changer en ce vaste escalier ?
Angkor, le Taj Mahal et la Grande Muraille,
Sans doute, il n'y a pas de merveille qui vaille
Devant ce déploiement de jardins suspendus
Édifiés avec soin, choyés, entretenus
Depuis la nuit des temps sans bruit et sans violence
Mais avec une sainte et infinie patience.
Pas de caprice ici de la part des puissants
Mais le fruit du travail de simples paysans
Ayant la volonté de dompter la nature
Pour assurer le vivre à leur progéniture.
Réapprenons ce mot que nous avons trahi :
Paysan est celui qui façonne un pays.

inspiré par un passage du livre de Bernard Ollivier :
“Le vent des steppes”




Ecrit par Rebo
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