Le rimoir de Narcisse



La folie aux vertiges immenses
Et sa longue prairie impaissée
S’étalent aux sabots des démences ;
Leur cours lance une eau non apaisée…

Tout un monde de monts et de vaux,
Plus large d’âme, et plus grand de ciel,
C’est un peu d’ombre et rien ne le vaut,
C’est la magie et l’artificiel…


Nul féal du réel maléfique,
Nul ici n’est censé rester né,
Mais peuplant le gouffre magnifique,
Mille rêves d’un vol effréné !

Le nord absent des rivages vagues
Jouxte au mouvant sol déboussolé ;
De la folie ! Et ces sales blagues 
Font l’univers drôle et désolé !

Plût au présent que d’un dieu, se doue
D’imaginaire un être de boue ;
Qu’en ta marée, océan des temps
Naissent des flux chamarrés et lents ;

Que de tes charmes déraisonnables,
Distorsion, sorte une œuvre autre, enfin !
Quelque aube neuve à notre esprit vain,
Qui nous soit propre, au mépris des fables…

La caresse et l’ange séraphin,
Et sous le couvert des ordres stables,
Réapparaissent songes et diables !
…Que nous nagions l’eau comme un dauphin !

Le gigantesque horizon du rêve ;
La vie incontestablement brève,
De pas à-pic en surplombs abrupts !

Le reflet, c’est l’image qui cède,
Brûlez ! Brûlez poètes vos luths !
- Voir Narcisse - et c’était un aède…




Ecrit par Salus
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