Hélas je fus séduit (fin)

Pas dire,pas dire
chacun mettra la peine qu'il voudra
le silence absorbe comme un buvard
bizarre vous avez dit buvard
buveur de mots comme des verres au bar
à boire patron, à boire qu'il nous faut
s'inscrire en vain aux verres à boire
vers à écrire, à extraire du corps
voir en double la poésie qu'il faut
jusqu'à tes yeux dans les miens
jusqu'à ta main qui tient
les lignes d'encre de la mienne
désaveu de l'aveu
m'en veut beaucoup de ne pas vouloir suffisamment
vaincre la ligne d'encre qui dit
qui dit si mal et pourtant
et pourtant, et pourtant
je fus séduit

Pas dire, pas dire
parce ce que les mots absents
ou tout simplement d'aucune existence
pour dire ce qui est n'est pas
puisque les mots ne se suffisent à eux-même
les mots qui manquent comme un baiser
et toi aussi qui manque, qui manque
jamais gagné la vie à perdre la raison qui déraisonne
raisonne-moi, raisonne-moi
pas dire, pas dire
n'écrire pas plus que la ligne écrire
se limiter d'encre pour finir la page
la plage, le sable, les yeux, le vent,
ce doit être cela les larmes
ne pas, ne pas
pleurer ni dire le moindre mot amoindri
ce qui est n'est pas
n'est pas la peine d'en rajouter
je fus séduit, je fus séduit
le mot s'arrête au bas de soi
bord de la feuille et des précipices
page arrachée au corps qui n'est pas le tien
bois, c'est mon sang
c'est mon sang cette encre qui tient à ne pas s'effacer
imprime l'encre sur la rétine
tes yeux, mes yeux,
les larmes sont dans la voix
dire ne pas, ne pas,
ne pas, ne pas...
D'un souffle perdu, je m'éteins.


J'ai voulu ce texte (en trois parties) comme un cri, un dernier souffle. X était un ami. Amoureux fou d'un amour qui n'y pouvait rien, ce n'était que son rêve à lui. personne ne put le raisonner. Il a tout quitté...sa famille, ses amis, cet amour irréel,
la vie...


Ecrit par Nojo
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