Le mal nommé
On ne peut reprocher, au fond quand on y pense,
Pas grand chose au fameux et fier alexandrin
Qui, avec sa métrique, imprime la cadence,
Dans leur dure galère aux forçats du quatrain.
Marqué par sa césure entre chaque hémistiche,
Il est stable, solide et bien proportionné,
Le légo idéal pour l'enfant qui s'entiche
De bâtir un château qu'il a imaginé.
Moi qui à discrétion, dans mes travaux de plume,
Plus d'une fois sur deux, use de ce chaînon,
J'ai quand même un bémol à mettre, je l'assume,
Contre Son Excellence : Il s'agit de son nom !
Car il fut baptisé, à ce qu'on nous rapporte
En l'honneur d'un guerrier, stratège de valeur,
Qui sans doute a laissé une longue cohorte
Derrière lui de morts, de cendre et de malheur.
A ce qu'il me paraît, pourtant, le monde antique
regorge de talents et de grands créateurs
Qui furent, officiants à leur noble pratique,
Pour l'émancipation humaine des moteurs.
N'eut-il pas mieux valu coller le patronyme
D'un artiste, un savant, quoi, d'un homme de bien
au dodécasyllabe illustré par sa rime
Plutôt que l'associer à ce macédonien ?
Que ne suis-je à présent sur ma feuille à écrire
Quelques archimédins ou des praxitélins
Et de cette façon, mes émotions conduire
Sur ces enthousiasmants et magiques tremplins ?
Ecrit par Rebo
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