Maître ou valet sous emprise ?

Je ne suis, mon seigneur, que l'un de tes sujets,
Mais je vois, de mon rang, que de toi l'on abuse.
Peu me chaut que de toi l'hypocrisie s'amuse,
La plèbe, dont je suis, n'est pas votre jouet !

Voici le temps enfin qu'il faut que je t'explique.
On t'apprit à mener l'orchestre à la baguette
Puis, du pupitre tu partis à la conquête,
Convaincu de savoir diriger la musique.

Jeune premier bien éduqué, ayant jeunesse
Pour flambeau, tu vas, cours, aveugle aux précipices :
Toujours la tyrannie a d'heureuses prémices,
Car certains savent caresser cela qui blesse.

Il suffit de trouver son intime fêlure
Pour mener l'étalon à tourner le manège,
Son col étant lié à cela qui l'abrège :
Le baume guérisseur entretient la blessure.

Je contemple, ô mon roi, le spectacle donné
Par ta cour, par ton règne, et tes gens, tes ministres.
Sur le trône tu fus placé par tous ces cuistres
Qui seront les premiers, quand l'heure aura sonné,

A ramener ta gloire à leur propre mesure.
Par ton obéissance, auras-tu bâillonné
Ce peuple dans la rue, le seul qui soit bien né,
Ou bien ta volonté, que le Conseil censure ?

En des femmes de tête et des hommes de cœur,
Tu te fies ! ne croisant que des hommes de mains
Et des valets de pieds. Ces géants sont des nains
Qui, de n'être que ça, ressentent la rancœur.

Auras-tu le sursaut, avant de défaillir,
De voir, entre leurs mains, n'avoir été que bêche
Saccageant le jardin, toi, que dans cette crèche,
Dans cette longue enfance, ils ont laissé vieillir?




Ecrit par Jim
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