Fièvre partagée


(La muse de l’autre II)


Conjoint mensonge de l’âge : un jet
Erigé par ce remue-méninges !
Car, artésien, sourd l’art que tu singes,
Profondeur où le son résurgeait !

Au jeu lâché, langé du langage
- La faridondaine - abandonnons
L’embrèvement ; dès lors entonnons,
Anthropophage, un air qui l’encage !

Si l’égérie, exsangue, a pâti,
Emportée, entre empathie et meurtre,
Choisissons, comme en chasse la martre,
La proie à l’instinct presque aplati !

Pour désormais produire la danse
Avec l’image omise qui luit,
Absente et fluide, et toujours s’enfuit,
Ton œil, lecteur, doit être en partance !

Oui ! qu’il se fasse à ce fier effort
Pour que non seulement le ravisse
Le mot, mais plus - le chœur s’en avise -
La Muse fût ancrée à son port !

...Ainsi poussé, le regard s’inspire :
Plus un repère ! et j’espère oser
Le faire paître et croître, arroser
De brume, iris, ton feu de lampyre !

Dans cette friche au principe actif
Le sol est, seul, le fait du poète ;
L’agreste est roi, peuplier, ronce, if,
Rien n’est absent, nul n’est obsolète !

Puisant, puissante, au cours souterrain
Luisant des fleurs de l’imaginaire,
L’inspiration crée un luminaire
Au faisceau vague - un halo serein.

J’offre l’image, à peine un contexte,
Coffre de mage est votre mental
Où dort l’arôme ouvert du santal ;
Tout doit fuser - que nul ne conteste !


Prêt ?
laissez-vous être joaillier :

Le jour décline et l’ombre éclabousse
Le revers dur des pans de la brousse
Versant, vers l’est, l’assez fou hallier
De la licorne et son cavalier...

Dans la lucarne où fuit le le jour, rousse,
Une hémorragie afflue et pousse
Le soir couchant, qu’un lai va lier...

Ce preux montant l’animal mythique
Sacre un peu, Temps, ton pouvoir mystique ;
Tout se mélange au songe arrachant

Du cœur de l’ange striges et sphinges !
...Mais chaque image est gage alléchant
Erigé par ce remue-méninges !





Ecrit par Salus
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