Le Coq et le Coucou

Un coq éloquent dit à ses alentours :
― Sachez que si le jour se lève c’est bien grâce à mon chant, et que j’épargne ainsi à notre monde ( et aux cieux !) d’indélébiles ténèbres.
― Faribole que tout ça ! dit le coucou d’à-côté, le soleil, de par son rang, n’obéit qu’aux lois de « Prix Nobel ». Comment croire qu’il soit aux ordres d’un plumeau à crête !
― Comment en douter puisque les hommes aussi se lèvent à mon signal ?
― On a beau être humain, on n’en est pas moins bête ! Et si le jour s’éveille à ton cri matinal, dois-je en déduire que ce qui tire la lune de son sommeil est ton pet vespéral... ?

Survient alors une aube où le coq est en panne, un mot de travers lui ayant coincé l’organe. Celui du coucou, en revanche, sonne au mieux quand l’astre diurne ouvre les yeux.
― Eh bien, dit-il au coq aphone, voici qu’un jour se lève sans autre permission que ton silence ?
Et l’autre, en effet, ne peut que rien répondre ( ni même pondre tant l’aphonie lui a tout clos ), mais n’en pense pas moins :
― Car n’est-ce pas à force de m’avoir obéi qu’il se lève désormais sans qu’on le lui ordonne ? Mais ça, le coucou, qui ne voit guère plus loin que le bout de son heure, en aurait le sens commun trop offusqué.
― Mon Dieu ! fait le coucou dans sa guérite, faut vite que je sonne l’heure, sans quoi le temps sera bloqué. Car sachez, vous qui m’écoutez, que si le temps s’écoule, c’est bien grâce à mon « cou-cou, cou-cou, cou-cou ! »




Ecrit par Famineur
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