La faille

Patrocle, doux aimé, ami au cœur fidèle
Et vaillant compagnon, ignore son point faible ;
Il s'expose pourtant à faucille cruelle,
Libérant sa vigueur que n'éclaire aucun yèble.

Thétis baigna son fils dans l'eau du fleuve Styx
Lequel ne l'entraîna vers le destin commun,
Tant la nymphe sa mère en sa cheville fixe
Ce souffle qui le rend contre la mort immun.

Entre Achille et Patrocle existe un seul écart :
L'un sait, l'autre ignore. Or l'oracle dit : « Achille,
Si tu combats à Troie, vers gloire ton départ
Te mènera ». Alors, du siège de la ville,

Il décida. Il sait n'être pas l'invincible,
Mais sa faiblesse au ras du sol s'offre si peu
Qu'à l'œil inaverti, elle reste invisible.
Pour rompre l'ombilic, un lâche trait le peut.

Pour que soit annulé le baptême éacide,
Il fallait l'œil perçant de celui qui n'agit
Qu'à la fin du combat, la flèche qui trucide,
La flèche d'un Pâris qui tremble et qui vagit.

Entre héros et commun, il n'est de différence
Que celle de savoir où se trouve la faille ;
Il suffira, pour exploiter cette carence,
D'un informé froussard pour en oser la taille.




Ecrit par Jim
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