Monde singulier

A quoi tiennent la vie, la mort ?
A quel sable ? A quel ciel ?
A quel destin si destin il y a.

Et ce combat éternel
A quoi s'accroche-t-il ?
A quelle élevage ? A quelle arène ?
A quelle faena ?
A quel instant éphémère ?

Je rêve sous le crépuscule des plaines andalouses
je marche en regardant au loin
les tâches sombres de la nuit
robes noires des habits de lumière
un chant flamenco monte de la terre
saigne, crie, hurle,
arrache des lambeaux de chair
quand tu es indéfiniment seul avec toi,
à te questionner, à t'interroger.

Et ces combats avec soi-même
contre qui luttent-ils ?
contre quel amour ?
contre quelle passion ?
Contre quel silence ?

Ô Monde singulier
donne-moi
donne-moi la force d'être moi-même
de m'affronter
d'affronter le ciel et la terre
et la pluie, et le soleil, et le vent,
surtout le vent
avec ce courage qu'il faut
pour n'être plus qu'un nuage rouge
une muleta
un nuage de sable

Ô Monde singulier
donne-moi
donne-moi la force
d'être faible parfois
et de, malgré tout,
envers et contre tout
vaincre l'adversité
à chacun des jours recommencés
comme disait Lorca
vers les cinq heures du soir

Donne-moi la vie
donne-moi ma vie
pour un salut, une vuelta
peut-être un avis
donne-moi la vie
pour vaincre la mort
d'une épée foudroyante
qui dira aux heures de vérité
la valeur de mes trophées

Donne-moi
donne-moi la vie
pour ce combat de mémoire
un jour vers les cinq heures du soir
gravé sur le sable d'une arène
et dans les yeux et dans les coeurs
des aficionados

Donne-moi
donne-moi ma vie
pour un combat encore
pour un poème éphémère
comme la vie, comme la mort

comme la vie...
comme la mort...




Ecrit par Nojo
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