Origine

Moi qui ai vu le jour sur la terre d'Afrique
Et qui en suis parti depuis déjà longtemps,
J'avoue que j'ai parfois l'âme mélancolique
En me remémorant des images d'antan.

J'ai fait mes premiers pas discrets dans la savane
Parsemée ça et là d'acacias harmonieux
Dont la grande ramure en l'azur se pavane
Et que je ne quittais que rarement des yeux.

J'ai depuis parcouru, hardi, le vaste monde,
Les espaces pétrés, les déserts enneigés,
Les horizons salés de l'océan qui gronde,
Les épaisses forêts et les monts ouvragés.

Maintenant parvenu au bout de ma carrière,
Posté sur un balcon d'où j'observe à loisir
Les illuminations d'une cité altière,
Je me laisse entraîner aux flots du souvenir :

Les herbes ondoyant sous une brise chaude
Que viennent fourrager les zèbres et les gnous
Mais où également en silence maraude
le fauve aux crocs d'acier et aux yeux en courroux;

Les cris des animaux dans la nuit giboyeuse,
La rixe des babouins entre mâles rivaux,
Le hurlement soudain de l'hyène ricaneuse
Et le jacassement irritant des oiseaux;

Le travail incessant et discret des insectes
A grignoter, creuser, voler, piquer, sucer,
Cette organisation savante de leurs sectes
Qui donne, de la vie, un modèle avancé;

L'odeur de la poussière et de la sécheresse
Avec celle de musc, de bouse et de crottin,
Celle de la charogne aussi qui intéresse
Les vautours à l'affût d'un possible butin.

Là-bas ai-je vécu à l'aube de mon âge,
Fragile et sans défense au sein de ce décor
Dans la puissance brute et la rumeur sauvage
Et sus-je évoluer, moi l'être le moins fort.




Ecrit par Rebo
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