La pascade.

Pour commencer, enfilez votre toque de chef et votre grand tablier de cuisinier.
Jetez une pincée de sel sur la queue d’une cocotte. Trois grains de poivre noir sur le bec.
La volaille éternuera et vous pondra illico trois gros œufs du jour.
Pendant que vous y êtes, trayez-la avant qu’elle ne court dans les orties car les orties, c’est bon pour la soupe mais ça pique !
Aïe, aïe ! J’en arrive au plus délicat. La chasse à l’ours ! Soyez poli avec l’ours car c’est une bête susceptible. Il vous refuserait son bouquet d’aulx. Apportez-lui par exemple, un pot de miel et un brin de causette parce qu’entre nous, dans la montagne, il s’emmerde. Mieux, invitez-le à votre repas.
Maintenant que vous avez tous les ingrédients, mettez dans une grande jatte, les œufs sans les coquilles, le lait de poule et l’ail d’ours.
Puis, roulez-vous ensuite dans les fines herbes du printemps, prenez votre temps, tout le temps qu’il faut pour attraper par surprise un lièvre.
Graissez-lui la patte et trempez-la dans le cul de poule. Chatouillez le lièvre, juste ce qu’il faut pour ne pas se brouiller. La recette serait foutue.
Si l’animal se sauve, ne lui courez pas après, ce serait inutile. Il reviendra à Pâques ou à la Trinité.
Laissez ensuite reposer le pot de terre au soleil et mettez-vous à l’ombre d’un rameau.
Attendez qu’on vienne vous sonner les cloches. Ce sera le signe que l’omelette est prête.
Si dans la marmite, vous trouviez à la place des poussins tout chauds, ne restez pas comme une cloche !
C’est que vous aurez laissé trop cuire. Faites-en donc un nid pour le dessert et puis c’est tout.
A votre table, en sus de l’ours, conviez un agnelet, c’est pour la conversation. Mais méfiez-vous des fayots qui vous feraient chocolat en emportant votre diner.




Ecrit par Ann
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