Cœur de berger

Il y a tout ceux qui fendant les foules
Croient dur comme fer surclasser le vent
Quand ils ne sont que poussières qui roulent
Dans le sablier sans retour du temps,

Ceux qui planent au-dessus de la terre
Comme des condors au creux des nuages,
Qui retombent cependant sur les pierres
Comme choit tout corps exempt de plumage.

Il y a ceux prétendument sublimes
Qui se confèrent l’éclat de la fleur
Quand ils n’ont l’élégance, plus infime,
Que du bocal soutenant sa splendeur.

Que dire de ceux, bien mal entourés,
Qui se pensent soleil, dignes d’amour,
Quand c'est pour leur fortune convoitée
Qu’on agit avec eux comme à la Cour,

De ceux dont le corps en consomme d’autres
A pleines dents, à coup de rudes fièvres,
Affamés de crus désirs, qui se vautrent
Dans la pulsion de leurs trop vives lèvres…

Et puis il y a là-haut, sur l’alpage
Le berger altier, une fleur aux dents,
Versant son regard, captif mais sauvage,
Vers la vallée où sa femme l’attend :

Du silence que mouille le torrent,
De l’azur frais et gourmand qu’il savoure,
De ses blancs moutons, de son cœur fervent,
Lui existe de tout ce qui l’entoure.




Ecrit par Fregat
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