Complainte des beaux jours

Sur le quai de la Seine, un petit matin blême
Quand les eaux frissonnaient sous un vent obstiné,
Des chemineaux fâcheux en éternel carême
Ecoutaient leurs échos sous les ponts désolés
Tels des fauves blessés par le fouet du destin
Qui n’ont plus d’autre espoir que d’attendre la fin.

Et l’impassible fleuve au lointain emportait
Les rêves défraichis de leurs défunts étés,

Deux ombres sont passées sur le quai de la Seine,
En amoureux furtifs sous la ronde étoilée
Qui serpentait gaiement dans cette nuit hantée,
Les masques enchantés dissimulaient leur peine
Car les beaux jours filaient le long des murs couverts
De voeux inassouvis en signes éphémères,

Et l’impassible fleuve au lointain emportait
Les rêves défraichis de leurs défunts étés,

Sur le pont de la Seine où s’effaçaient mes pas
Quand je cherchais en vain dans un épais frimas
Ce scintillant visage et cette voix profonde
A mon coeur accordée aux heures vagabondes
Où je mendiais l’amour tel un fauve blessé
Qui invoquait ton nom sous un pont oublié,

Et l’impassible fleuve au lointain emportait
Les rêves défraichis de mes défunts étés.




Ecrit par Banniange
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