Hauteurs profondes

Le chemin qui se coule entre les branches basses
Se fait ombre et silence : à peine effleure-t-il
L'éternité du temps de son souffle subtil
Où la brume se mêle à des senteurs fugaces.

Les troncs hauts et puissants portent le ciel immense
Et semblent se lancer à l'assaut des sommets,
On croirait voir surgir quelque esprit des forêts,
Prêt à dompter l'azur par la danse et la transe.

Immobile se tient la mémoire des pierres,
Tandis que s'envolant, rampant, courant, grimpant,
Tout un peuple s'affaire, et tandis qu'on pressent
Le frisson des terriers, la frayeur des tanières.

Les ravins, les à-pics, les crêtes, les crevasses
Font entendre une voix née dans les profondeurs
Où se tait la lumière, où planent des terreurs
Qu'on pensait oubliées mais qui rôdent, tenaces.

C'est là, dans le tumulte et parmi le mystère
De gorges habitées de vastes grondements,
Que l'écume bondit, que roulent des torrents
Formés dans la fureur des antres de la terre.







Un texte grandement inspiré par ce vers :
"Précipices, torrents, gouffres, soyez bénis !"
extrait du poème "Aux montagnes divines"
de José-Maria de Heredia (Recueil "Les Trophées")



Ecrit par Ombrefeuille
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