Le corbeau de mes nuits

Collée au fond de ma mémoire,
Je la vois encore approcher
La grande silhouette noire,
Au pied de mon lit désarmé.

Dans une présence irréelle,
En se posant comme un corbeau,
Elle faisait glisser son aile
Sous le drap blanc jusque ma peau…

Certains soirs elle allait plus loin
Comme un ogre au bec acéré,
Fouillant de mon corps les recoins
Dans sa détresse suppliciée.

Que cherchait-il donc à me prendre ?
Je n’avais alors que huit ans,
Comment réagir, que comprendre
De ce rapace malfaisant ?

Entre abîme et ignominie
J’ai gardé pour moi le silence,
Enfermant jusqu’à aujourd’hui
Loin dans mon âme la souffrance

Qu’à présent je peux conjurer
En l’écrivant sur cette page :
Ni corbeau ni ogre inventés...
Mon père en a l'obscur visage.

https://youtu.be/GWR9Ti2ti8Y




Ecrit par Fregat
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