Les amours contrariés

Cyrano joue de la guitare
Mais sa ballade est un fausset
Car il a pris comme un barbare
Dans les cordes son vilain nez ,
Heureusement pour lui Roxanne
Devenue sourde comme un pot
Lui a jeté quelques bananes
Avant de lui crier « Bravo » !

Juliette s'est trop accoudée
Sur un balcon bien encombré
Et la tête tant vénérée
En marbre du sieur Capulet
Tombe sur le pied versifié
D'un Roméo tout en débandade
Qui pousse ce cri de tornade
Que son aimée croit passionné.

Rodrigue vient de s'étaler
En bondissant de son destrier
Pour rendre un hommage à Chimène
Qui s'est bien enfoncé dans l'oeil
Son bel éventail madrilène
A tel point qu'elle fait l'accueil
En donnant sa main à baiser
Au cheval tout émoustillé.

Manon Lescaut est en retard
Au cause d'un maudit brouillard
Et se trompant de chevalier,
Voilà qu'elle prend un abbé
Qui cherchait dans la cave en vain
Le secret des bénédictins,
Bientôt il sera mis en bière
Après l'autopsie meurtrière.

Don Juan a ouvert le bal
Avec le commandeur en râle,
Elvire l'attend en pleurant
Dans son vénérable couvent,
Il avait confondu les chambres,
A la bougie, quand c'est décembre,
Tout est si noir et c'est fatal,
Tout s'emmêle, femelle et mâle.

Ainsi les passions les plus folles
Qui font rêver tous les amants
Auraient pu plaire aux branquignolles!
Sur un simple détournement,
L'amour devient coquecigrue,
La belle princesse une grue,
L'amoureux un triste sajou
Qui a snobé le rendez-vous.




Ecrit par Banniange
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