La beauté du diable

Il était beau, il était riche, intelligent
Aux dires de certains, qui s'en amourachaient,
Il avait du talent, même de l'entregent
Et, de son coude, au grand jamais, ne se mouchait.

Il était de ces gens que l'on dit éduqués,
Il était cultivé, de tout savait parler.
Il n'était cependant qu'un petit freluquet
Qui prenait son solex pour une belle Harley !

Au lendemain du bac, sur la plage en vacances,
Il avait rencontré un fameux séducteur
Qui, contre un peu de sens, lui offrait de l'aisance.

Impétueux et ambitieux, il répondit
Qu'il voulait bien de lui comme son conducteur.
Les angles devant lui seraient lors arrondis.

On peut parler de tout sans savoir ce qu'on dit ;
Il suffit pour cela d'avoir bonne mémoire
Et que ne puisse autrui raconter son histoire,
Étouffé par le flot de son salmigondis.

Il ne pensait à mal, juste il ne pensait pas.
On l'avait convaincu que d'agiter sa langue
Revenait à penser, de même qu'un repas
Revient à mélanger le met avec la gangue,

Sans y avoir jamais goûté. C'était un môme
Qui laisserait son nom dedans la grande Histoire.
Certes, il n'est pas celui qui laissa brûler Rome,

Mais avouons que son roman chaque jour foire !
Celui qui te charma, l'ai croisé, j'ai tremblé :
Je préfère crever que de te ressembler.


© Persona

Ecrit par Jim
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