Ô longs désirs, ô espérances vaines

Ô longs désirs, ô espérances vaines,
Tristes soupirs et larmes coutumières
A engendrer de moi maintes rivières,
Dont mes deux yeux sont sources et fontaines !

Ô cruautés, ô durtés inhumaines,
Piteux regards des célestes lumières,
Du coeur transi ô passions premières,
Estimez-vous croître encore mes peines ?

Qu'encor Amour sur moi son arc essaie,
Que nouveaux feux me jette et nouveaux dards,
Qu'il se dépite, et pis qu'il pourra fasse :

Car je suis tant navrée en toutes parts
Que plus en moi une nouvelle plaie,
Pour m'empirer, ne pourrait trouver place.



Version réactualisée:

Ô longs désirs, ô espérances vaines,
tristes soupirs et larmes habituées
à faire couler de moi maintes rivières
Dont mes deux yeux sont les sources et les fontaines !

Ô cruautés, ô duretés inhumaines
regards compatissants des célestes lumières,
o passions primitives du cœur transis,
Voulez-vous encore augmenter mes peines ?

Qu'Amour essaie encore son arc sur moi,
qu'il me jette de nouveaux feux et de nouvelles flèches,
qu'il se fâche, et qu'il fasse le pire qu'il pourra :

car je suis si blessée en toutes partes
qu'aucune nouvelle plaie ne pourrait sur moi
trouver un endroit pour me faire plus mal.


Ecrit par Louise LABE
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