Si je tenais ...


Ah, si je tenais le Très-haut
Qui inventa dans sa sagesse
Le feu sacré, le feu nouveau,
Je jubilerais d’allégresse !
Je crois que je l’embrasserais
Et que, dansant devant sa face,
Je ne m’arrêterais jamais
De contempler le temps qui passe.

Si je tenais l’inventeur fou
Qui découvrit la clef des songes
Que les algues portaient au cou
Là où se cachent les éponges,
Je lui demanderais d’ouvrir
L’orbe intangible des nuages
Et d’y garder le souvenir
Des nuits penchées sur les rivages.

Si je tenais Monsieur Pasteur
Au détour d’un laboratoire,
Je lui dirais combien j’ai peur
Que s’effondre notre mémoire.
Lui qui vaccina, qui sauva,
Je le prierais de reparaître !
Lui qui chercha, lui qui osa,
Je le presserais de renaître !

Si je tenais celui qui fit
Une machine avec des ailes
Car il voulait cueillir l’esprit
Du printemps chez les hirondelles,
Je me glisserais dans son dos,
Me cramponnerais, dents serrées,
Et je verrais l’ombre des mots
Caresser le fond des pensées.

- Épilogue -

Si je tenais un peu ma plume
Qui invente n’importe quoi,
Qui prétend tricoter la brume
Et parer le manteau d’un roi,
Je tenterais par quelques mimes
De lui écrire en l’éveillant
Qu’elle vient d’inverser les rimes
Et que cela n’est point seyant !







Ecrit par Ombrefeuille
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net