Héritiers

De plus en plus nombreux, ces jeunes héritiers
Convoitent de régner sans faire de mystères ;
Ils n'éprouvent besoin d'être des cachotiers,
Ils jouent dans ces jardins qu'on nomme ministères !

Ils sont petits enfants du commerce enrichi
Et non plus les dauphins des barons d'industrie.
Franches sont leurs coudées, et sans aucun chichi,
Ils défendent leur fief, leur unique patrie.

Aucun pouvoir central n'empêche de danser
Tous ces gentils marquis à minois de minets,
Convaincus qu'un bon mot démontre le penser.

C'est devant les portraits de pantins gominés
Que s'extasient tous ceux ayant pieds dans la glèbe :
Ne serions-nous pas tous issus de même plèbe ?

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Le frondeur libéral s'est assis sur le trône ;
Le sénat patricien tend son col à sa main
Tandis qu'à l'augustule, il donne la couronne.
Du siège à l'échafaud, est-il long le chemin ?

Subtile stratégie ! Si l'union fait la force,
Pour régner, diviser il faut ! En même temps
Mener ce paradoxe, et l'histoire se corse
Quand le cerveau est piloté par vent d'autan.

Songeons qu'à tout Henri s'oppose un Ravaillac
A tout roi Jean, même catho, un Harvey Lee
Et que même un sauveur fut livré à maniac !

Serait-ce du servage enfin notre halali ?
Le larbin boira-t-il jusqu'à la lie son vin ?
Il faut que tourne en rond le commerce divin !

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Penseur du Droit né au-dessus de l'intérêt…
Dans les artères d'héritiers coule le sang,
Tandis que le villain obéit à l'arrêt
Qui le mène à nourrir sur ce sol les enfants.

Le manant manœuvre où le chevalier chevauche :
Ainsi fixe la loi le destin de chacun.
Et le courant lamine afin que rien ne cloche ;
L'homéomorphe impose un principe opportun :

Si rien ne se mélange, alors tout se conserve !
Un passé très ancien notre présent innerve.
Il arrive parfois qu'il faille un renégat

Pour que s'ouvre le ciel à un matin nouveau
Et que le saint progrès ne fasse plus dégât.
Que survienne le loup ! Les marquis sont des veaux.


© Persona

Ecrit par Jim
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