Courtisane et gros benêt

Soubrette dans sa tête avait un petit pois ;
Étant fille de peu de foi,
Songeait qu'elle serait de toutes plus habile.
De mode dévêtue avançant ses appâts,
Elle aurait peu d'esprit mais serait volubile,
Ample croupion et propos plats,
La gourgandine en sa pensée
S'imaginait déjà troussée
Pour palper les trésors offerts par son agent,
Afin de mettre à neuf sa carcasse éprouvée ;
La chose elle aimait bien, mais pas le négligeant.
- Il me faudrait une faucille
Pour écrêter tous ces poulets sans déraison ;
Le gros fêtard me déshabille,
Se voulant délicat quand j'attends un cochon !
Est-il un porc duquel retiendrai la leçon ?
Il me faudra veiller à grandeur raisonnable ;
J'aurai de cet amant son argent pour mon con.
Et je mettrai d'autres couverts à notre table,
Ne leur demandant pas d'activer leurs cerveaux !
Et qui sera la reine en ce monde nouveau ?
Soubrette, en contemplant tout cela, exaltée,
Égrena ses succès, jusqu'aux inavoués.
Tous ces biens en son sein la fortune charrie ;
Son bien être, ainsi entendu,
Quel besoin d'avoir un mari,
Quand suffit d'être sa statue ?
Cette farce fut censurée
Tant en fut craint raz de marée.
La folie meut belle compagne,
Sautent les bouchons de champagne !
Justine ou Juliette, ou Médée ou Carmen,
Face à vous, tous disent amen !
Chacun songe, veinard, qu'il n'est rien de plus doux
Que cette erreur flatteuse où se brûlent nos âmes.
Le fier héros à vos genoux,
Voyez-le, se vautre et se pâme!
Grand gamin, je rêve encor d'être Zorro ;
Je gomme d'un bon mot les éternels zéros ;
On m'applaudit, et maman m'aime ;
J'ai tous les premiers prix et ne suis décevant ;
Je suis le bienheureux grâce à ce théorème :
Tant par derrière que devant.


Pastiche d'éducation, style XVIIème siècle...

Ecrit par Jim
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