Conte abrupt de la falaise de Rügen

Au pays des antisémites , tout le monde se comprend,
et lire sur les visages l'attitude cavalière des habitants
laisse à penser que ce beau monde s'aime vraiment !
Ainsi va la vie , tranquille, de ce curieux pays,
semblable à un continent nourri et étouffé de ses propres expériences.
Jusqu'au jour où déboule à carriole un raciste,
chamboulant à jamais le regard des autochtones ;
petit et trapu, d'une alcaline blancheur, visage émacié
il raconte à qui veut l'entendre cette étrange histoire :
il existe au- delà de cet océan un autre continent
appelé " la Blanche Terre " et sur sa surface aride
survivent tant bien que mal quelques millions d'habitants
avec pour seuls amours l'omelette, la mortadelle et la patate !
Les gens de ce pays féérique sont soient blancs, soient noirs,
à noter malignement qu'aucune couleur intermédiaire n'est tolèrée.
Ainsi va la vie de cette terre époustouflante surnommée
" au pays des racistes ", en opposition à " au pays des antisémites ".
Un jour de neige collante, le raciste, à la carriole pétaradante,
voulant tromper son ennui et son humeur de fiente,
fit une remarque retentissante à un passant de confession juive :
* Les Arabes sont tous des voleurs de chameaux et de tentes * !
Sa parole fut dans les moindres ports commentée
et les instances dirigeantes diagnostiquèrent
une tendinite à caractère antisémite.
C'est ainsi que,malgré multes protestations et prières,
il fut chassé de la Blanche Terre et parachuté
au pays des antisémites, nu comme un ver, avec carriole.
La nouvelle circula sans interruption à la vitesse du viagra,
à travers champs et marais, comme le chikungunya,
et les habitants, sous le choc, de se demander :
" Qui sommes-nous vraiment ? "
Cette question fut dans les moindres pores distillée
et les instances dirigeantes de ce monde la qualifièrent
de riposte antisémite à retardement.
Les habitants furent évacués, de toute urgence,
sur une île paradisiaque répondant au doux nom d' Izraelle,
où, d' après une légende de cordonniers transmise de père en fils,
les noirs courent plus vite que les guépards.





Ecrit par Domagoj sirotinja
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