Les tablettes

Nous sommes à Alexandrie, Myrtocleia s'adresse à Rhodis:

Il y eût, tu le sais Rhodis, cet autre jour,
Lorsque tu écrivis trois mots sur mes tablettes,
En mêlant à mon nom le tien, langue secrète,
Qui parle d'un désir bien plus pur que l'amour.

Chaque jour est nouveau pour moi, et quand le soir
Tu t'éveilles, je crois ne t'avoir jamais vue.
Tu es la nymphe d'Arcadie, qui quitta nue
Ses forêts, où Phoïbos assécha son pouvoir

Quand tarit sa fontaine. Et ton corps est plus souple
Que branche d'olivier ; comme l'eau en été
Ta peau est douce, et tout autour du couple
De tes jambes l'iris tourne, et comme l'Astarté

La figue ouverte, ainsi tu portes le Lôtos.
Quand nous aurons quitté ce soleil africain,
Si lourd qu'il endormit même le dieu Chronos,
Par toi me laisserai guider sur le chemin

Qui conduit à ta source, en ces sombres forêts
Où sur la terre molle on voit la double trace
Des satyres mêlée aux pas, emplis de grâce,
De la nymphe légère prise en ses arrêts.

Tu chercheras et graveras sur une roche
Ce que tu écrivis, ces mots, dessus la cire,
Ces simples mots, ces trois aveux fines encoches,
Qui sont toute la joie d'obéir au désir.

Par la ceinture d'Aphrodite où sont gravés
Tous les plaisirs, aucun, Rhodis ne m'est connu,
Puisque, depuis que nos deux cœurs sont entravés,
Tu es plus que mon rêve en lequel j'erre nue.


© Les chants de Ella Bella Petti
(évocation mœurs antiques)


Ecrit par Jim
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