Balade

Gentil écrivaillon qui sur syntaxe souffres
Et qui des mots n'en connais que trois cents
Ne te mords pas les doigts ne te fais mauvais sang
Ne joues pas à celui qui taquine le gouffre

Si tu dis seulement cela que tu ressens
En étant spontané et sans faire semblant
Tu verras que viendra et léger et dansant
Le mot juste avisé sur ta langue tremblant

Et pour être inspiré demeure un imbécile
Longtemps sans oublier de laisser le savoir
A tous ces faux-jetons qui rêvent dans l'Histoire
De graver leurs actions et leurs noms inutiles

Le poète est celui qui ne coupe le nœud
Invité du nuage il ignore les Indes
Et d'aucune chronique il ne sera la dinde
Il n'est de conquérant brûlant de mille feux

On ne voit dans le ciel tous ces soleils discrets
Etoiles qui demain danseront à nos yeux
On les aura bien vu naître après leurs adieux
De puissance elles n'ont conservé les secrets

Tu brilles quelque part future nébuleuse
Sur la portée du temps comme tous les concerts
Des notes de Mendeleiev à tous tu sers
Le silence harmonieux des amours radieuses

Tu comptes sur tes doigts bafouilles la diphtongue
Tu te voudrais parfait en bricolage insigne
De tes hésitations aucun azur n'est digne
Continue de chercher en te mordant la tongue.

On parlera longtemps de ce sot coq errant
Qui porte le doux nom d'une bonne salade
Il invita les siens à fort grande balade
Il ne fit que passer au retour s'en mourant.

Poète quotidien donne nous ton potage
Et ne t'inquiète pas des trophées galvaudés
Toute fortune au fond n'est qu'un vil jeu de dés
Aucun discours ne vaut un morceau de fromage.


©Persona

Ecrit par Jim
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