Semblable à moi-même

Il me revient l’aimé visage
De ma mère, clément et gai
Devant la candeur de mon âge
Dont elle savait les secrets.

Ces belles années envolées
Furent en leur temps les vigiles
De combats rudes, simulés
Au cœur d’une enfance fertile.

Une cabane était un fort
Dont il fallait sauver l’espace
Des assauts venus du grand Nord…
En fait de mes voisins d’en face.

De coups assénés de revers,
Faisant de mes rivaux mes cibles,
L’épée de bois, en grand expert,
Je maniais de façon terrible

Tout en jouant les casse-cous
Pour épater le cœur des filles,
Troquant contre précieux cailloux*
Timbres ou colliers de coquilles.

Tendant mon petit bras d’enfant
Le long d’humides caniveaux,
J’attendais les ailes du vent
Sur le papier de mes bateaux

Et je grimpais souvent au tronc,
Délaissant au sol mes chaussures,
Du vieux chêne de la maison,
Savourant la paix qu’il procure.

C’était l’or de brillants demains
Qu’à profusion je ramassais…
La vie, charmée, offrait sa main
Au petit prince que j’étais !

J’en écumais les doux sentiers,
Libre et sans aucune méfiance,
Ignorant que s’y abrasait,
Jour après jour, mon insouciance...

Pourtant aujourd’hui malgré l’âge
Qui mène à celui des grands-pères,
J’aime toujours les coquillages,
Les galets du bord des rivières…

Mon appétit semble insatiable
Croquant la vie, disant : « après ? »
Je reste à moi-même semblable,
Y cueillant joie et intérêt.

https://youtu.be/LpEsjQPzw94

* Petit, je collectionnais les cailloux dont seuls restent les deux plus beaux




Ecrit par Fregat
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net